Le bal des fous, tome deuxième, extrait n°2
Perpignan, le 27 janvier 2005
Mes Sages,
Au Nom de tous les miens, je vous en conjure, vous qui me connaissez et que je ne connais plus, ma source se tarit et mes pouvoirs s’envolent faute d’en avoir entretenu la flamme. Vous en savez les raisons : la peur, et le doute.
Combien de portes ouvertes dont je n’ai osé franchir le seuil !
Peur de l’indicible, de me tromper, de m’égarer ou de me faire mener sur de faux chemins de traverse.
Doute sur les structures et le bien fondé de certaines réalités.
Je sais que vous savez.
Si je n’arrive à poser un nom véritable sur moi-même, je sais que vous, ce que je suis, vous le savez.
L’on m’a déjà rapporté, il fût un temps, que durant mon sommeil je parlais d’étranges langues étrangères ; était-ce avec vous que je m’entretenais ?
Ce jour, je vous en prie, venez à mon secours.
Au Nom de tous les miens, Muriel, Lydie dont vous savez le long et douloureux combat, Raoul, Georges, Roger, Véronique, mon père terrestre, Marinette, tant d’autres qui meurent d’avoir trop vécu dans leur corps, qui crèvent dans leur sang, au Nom du Fils mort sur la croix en rédemption de nos péchés, au Nom de ceux que j’aime et de ceux que, parfois, j’ai du mal à aimer, au Nom de l’Humanité souffrante qui n’en peut plus de sa lente agonie je vous implore, venez me porter assistance.
Je ne suis aussi fort que lorsque je suis faible.
Je ne suis aussi faible que lorsque je suis fort.
Ce jour, d’essayer, simplement, de donner m’épuise, de sécher les larmes de mes frères et sœurs en croix me fait saigner le cœur ; j’ai bien peur qu’il n’explose d’être rempli de tant de douleurs.
Ecoutez mes prières, aidez aussi à mon propre rétablissement.
J’en suis conscient : il m’a déjà tant été donné, que je n’ai voulu prendre !
Mais, aujourd’hui, je vous deux mande.
Humblement.
Ce jour, je ne sais encore si je suis prêt de tout recevoir.
Mais, une fois de plus, mon âme se rallume ; peut-être pourra-t-elle, enfin, accepter l’invite de votre table.
Vôtre.
(Le temps que je vous écrive, j’ai bien reçu vos réponses.
J’avais perdu le chemin des prières, le voici revenu.
Merci pour Lydie, dont je sais la bataille.
Merci pour le père Raoul, dont l’humour, l’amitié et l’Amour sont préservés.
Merci pour Muriel, que l’on vient de m’aider à soigner.
Les mains nécessaires sont venues.
Merci pour le miracle Garpien que vous fîtes hier au soir, bien que je n’y aie vu votre intervention que bien plus tard ; j’ai lu entre les fils, il ne pouvait en être autrement [si vous pouviez renouveler cette technique pour Fred et Arlette, vous savez combien ce sont des personnes méritantes et aimantes.]
Merci de l’indien que je dois rencontrer ; j’ai compris, là aussi, le sens de mon wigwam.
Il n’est pas que les mots qui sont posés ; les évènements et les actes aussi.
Je comprends que vous n’avez jamais cessés de veiller sur moi, et vais essayer, désormais, de lâcher prise. Vous savez combien ce me sera difficile mais, autant que faire ce peut je me laisserai, dorénavant porter.
La Joie m’est revenue, j’ai ouvert les volets trop longtemps fermés et aéré les lieux ; il fait un peu frais, mais le soleil brille.
Je vais en profiter pour aller au devant de belles rencontres que vous venez de placer, je n’en doute pas, sur mon chemin.
Bien à Vous. )
Philibert.