2078 (l'après)
2078
La plaine est écrasée
Par des nuages noirs
Ils ont tué le feu
D'un soleil claudiquant
Arrête de pleurer
Il n'est pas encore soir
Peut-être que les Dieux
Se montreront cléments.
Attends! Il me faudra
Un effort de mémoire
Afin de t'expliquer
Comment c'était avant
Du temps de grand-papa
Et de tante Victoire
Quand un soleil d'été
S'endormait sur les champs.
Ce qu'était le soleil?
Au ciel qui s'éparpille
Imagine...
Un caillou
Condensé de lumière
Et qui veillait au ciel;
Ressemblant à ces billes
Que tirais à genoux
Avec des mines altières.
Il était, je crois bien
Choses poussant de terre
Coruscantes, embaumées,
Vives et versicolores
Nourrissant le terrien
Mieux que pilules amères.
On nous a tout gommé
Et mis de l'inodore.
Il y avait aussi
Des montagnes si fières
Qu'elles tutoyaient les cieux
De leur cime enneigée.
Tu ne vois aujourd'hui
Que de mortes carrières;
Ce qui reste de pieux
N'est que papier mâché.
Et même, il paraîtrait
Que les enfants d'époque
N'étaient pas tous issus
D'éprouvettes chenues
Mais que de deux portraits
( Ca te semble loufoque)
Ils prenaient le tissu
Bien avant leur venue.